Les chemins de la justice brésilienne sont parfois incomprehensibles. L'influence des grands propriétaires est telle qu'ils peuvent contester une décision du président. C'est ce que nous racontent les habitants de la communauté Nendu Ru Marangatu: "Chez nous, une décision du cacique, du dirigeant du village, est un fait. S'il ordonne quelque chose, tout le monde obéit. Dans ce pays pourtant, la décision du président Lula d’homologuer notre territoire traditionel de 9000 hectares a été annulé par une décision de la Court Suprême après une plainte des grands propriétaires de la région."
La situation est vraiment frustrante pour cette communauté. Après de longues années de lutte, après avoir repris la terre, après la mort de deux leaders assassinés par des hommes armés des proprietaires, après d'avoir franchi toutes les étapes de demarcation et de l’homologation de leur territoire, ils continuent dans l'insécurité de cette décision de la Court Suprême. Après la décision du président, ils avaient droit de retourner vers la vaste territoire où leurs ancêtres vivaient comme des semi-nomades, le tekowa, où ils sont enterrés et où se trouve la colline sacrée de Marangatu. Maintenant leur village reste se réduit à une petite vallée de 120 hectares largement insuffisante pour contenir la population.Les abords de la vallée sont fréquentés par les hommes armés payés par les propriétaires, qui n'hésitent pas à tirer sur les maisons. L’argument étant que les indiens font peur au bétail du propriétaires.Les habitants sont souvent harcelés lorsqu'ils se promènent d'un hameau à autre, lorsqu'ils essayent de puiser de l'eau, lorsqu'ils veulent cueillir des herbes medicinales.
La peur n’est pas le seul obstacle auxquels ils doivent faire face pour avoir accès à l’eau. Récemment les propriétaires ont installé autour du puit un fil électrique. Toute la communauté dépend maintenant d’un seul robinet installé par le gouvernement situé en aval, à une distance de plusieurs kilomètres pour certains.
Aujourd’hui , nous avons eu plus de temps pour visiter le village, alors nous avons profité pour mieux connaître la vie de quelques habitants. Une veille dame, fille du cacique-shaman mort il y a quelques ans à l'age de 104 ans, nous montre une recette médicinale contre les rhumatismes qu'elle continue à préparer malgré la difficulté pour trouver tous les ingrédients dans leur espace confiné et dégradé, et la tendance des guaranis plus jeunes de recourir aux médicament de la médecine moderne. Une professeur du village montre tous les documents et articles de journal qui illustrent leur cas de lutte
Des jeunes travailleurs de canne à sucre nous expliquent les difficultés de ce travail. Ils sont pourtant obligés de le faire par manque d'alternatives.
La taille de leur terre ne leur permet pas de travailler avec un tracteur (qu’ils ne pourraient acheter de toute façon). Par conséquent leur production actuelle ne leur permet n’est pas suffisante pour en vivre
La situation de cette communauté est semblable à celle que nous avons visité auparavant. Malgré des conditions d’installation qui varient un petit peu entre les différentes communauté nous avons pu constaté que toutes les communautés sont confrontées aux mêmes problématiques. La faim qui touchent les enfants, les problèmes d’accès à l’eau, cette violence des grands propriétaires qui frappent aveuglément, sont le lot quotidien de ces Indiens. Cependant au cours de nos différentes visites, nous avons pu entendre des éclats de rires, nous avons vu des sourires. Nous avons vu un peuple digne dans sa souffrance, alors que leur situation est indigne pour un être humain. Ces indiens vivent dans l’espérance d’un monde où ils finiront par trouver leur place,où on leur laissera un place qui respectera, leurs traditions. Notre devoir est de témoigner face à une situation innaceptable, de dire au monde que le peuple Guarani est un grand peuple, et que lui aussi à le droit d’exister.